Regardez ce que je fais et vous verrez qui je suis et qui je ne suis pas…
Papier corps, Papier visage, Papier grimace, Papier cri, Papier larme, Papier chemin,
Papier rire, Papier froissé, déchiré, du bout des doigts en bord de moi, Collés,
Comme autant de morceaux de vie, Morceaux de femme.
Pour dire Caroline, en quelques faits, en quelques dates, en récit de ce qu’elle est :
1968. Premier cri en terre de banlieue rouge à Ivry. Fille, née le poing fermé, elle sait déjà qu’elle aura à lutter.
1978. Ivry. 10 ans. Fait face aux dinosaures bulldozers venus ravager l’ancienne pépinière située devant son immeuble. Affrontant les mâchoires d’acier dans ses bottes de caoutchouc rouge, elle court sauver des brassées de fleurs dans ce champ qui fera place à Conforama.
1986. A 18 ans quitte sa mère et ses sœurs pour vivre seule et libre. A 18 ans, son bac en poche et armé de son courage, elle est embauchée comme femme de ménage en job d’été à l’hôpital d’Ivry. A 18 ans, elle découvre avec horreur la chambre immonde d’un malade du Sida que tout le monde refuse de nettoyer de peur d’être contaminé. A 18 ans, elle nettoie et range la chambre sous le regard ému et incrédule d’un homme qui mourra peu de temps après.
1988, 89, 95, 98, 2000… Fac de linguistique, job de pionne en lycée pour payer son loyer, licence de Sciences du Langage, concours de Conseillère Principale d’Education, s’engage cœur, corps et âme pour faire de son métier une Humanité. Elle développe des outils de parole et de nombreux projets pédagogiques avec des artistes en Danse, Arts Plastiques, Contes, Théâtre, Jardinier…
Appartheid, Retraites, Sécu, Est de toutes les luttes sociales, de tous les combats contre les injustices et les inégalités.
Mieux vaut être belle et rebelle que moche et remoche.
2008. 40 ans… L’ombre de l’enfance tel un aigle noir la rattrape. Blessures du passé, angoisse du présent… Chuuuut ! CHUTE.
Renaissance, Résilience. Photos, Voyage, Massages, Amours, Messages. Dans une tasse de café, un morceau de ciel d’été, une branche de prunier, photo. Photos, photos, photos… Ose petite Caro, ose toi ! Premiers collages Rev’Elle, réveille, révèle. Ses mains dansent et ses doigts déchirent papiers de joie et papiers de larmes, chemins de temps, chemins de sang, chemins de femme et d’enfance, chemin de rêve et de révolte, chemin de Vivre. Ses doigts collent et collent, colle et sang, terre et ciel, cœur et corps, son monde naît en Carocollage.
Ludovic Souliman
